Chaque année, trois à quatre artistes sont invité·es à participer à Mizaha Paris et développent leurs projets lors de résidences à la Cité internationale des arts à Paris, puis au cours d’expositions dans l’espace parisien de la Fondation H. Une exposition personnelle de deux à trois mois fait ainsi toujours suite à leur temps de résidence, l’espace n’ayant pas pour vocation à présenter des travaux préexistants au temps de résidence.
Ce programme s’autorise une réelle dimension expérimentale et une large marge de manœuvre dans le format que peuvent prendre les collaborations avec les artistes invité·es, qui le sont toujours à titre individuel, jamais collectif, permettant un vrai accompagnement personnel des projets par l’équipe de la Fondation H.
L’espace peut être le lieu d’installations in-situ (Hyacinthe Ouattara, M’barka Amor, Christian Sanna, Temandrota, Adji Dieye, Ange Dakouo, Magalie Grondin), et il est aussi régulièrement transformé en atelier par les artistes qui s’y installent le temps de quelques mois (Maya Inès Touam, Adelaide Damoah, Johanna Mirabel, Roxane Mbanga).
Les trois artistes invitées à Paris en 2025 sont : Rijasolo, Malek Gnaoui et Turakella Editha Gyindo
12 février - 17 mai
Né en 1973 en France, Rijasolo est photographe et photojournaliste basé à Antananarivo, où il vit et travaille. Après une carrière de fonctionnaire dans la marine nationale à Brest, il se lance dans la photographie en autodidacte au début des années 2000.
En 2004, il retourne à Madagascar, pays de ses origines qu’il n’a pas visité depuis 20 ans et entreprend sa première série « MIVERINA » dans laquelle il s’efforce de montrer la difficulté de nouer une relation intime à l’île. Sa sélection aux Rencontres de la Photographie Africaine de Bamako en 2005 lui donne l’assurance nécessaire pour se consacrer pleinement à la photographie. Il suit alors une formation en 2006 à l’EMI-CFD à Paris et devient photojournaliste correspondant pour la presse française (Libération, Le Monde, Paris Match ou Jeune Afrique) et internationale, et collabore notamment avec l’AFP (Agence de Presse Française) depuis 2013.
Installé définitivement à Madagascar depuis 2011, Rijasolo acquiert une réputation locale et internationale de photojournaliste en braquant son objectif sur la réalité de la Grande Île. Il effectue des commandes pour diverses ONG afin de mettre en lumière les problématiques sociales et la complexité des conflits présents sur l’île.
Ses photographies sont remarquées et distinguées par de nombreuses manifestations internationales consacrées à la photographie. L’exposition itinérante« MALAGASY » qui dresse un portrait social riche et dense des habitants de Madagascar, est présentée pour la première fois en 2017 lors de la5ème Biennale Internationale de Photographie Addis Foto Fest, Ethiopie, puis l’année suivante dans le cadre de la 11ème Biennale de la Photographie Africaine Rencontres de Bamako en 2018.
Qu’il s’agisse de photographies d’art ou documentaire, les clichés de Rijasolo sont empreints d’une sensibilité et d’une esthétique contrastée. L’artiste cite parmi ses références des noms comme Pierrot Men et Sebastião Salgado.
Le photographe est également récompensé pour ses photoreportages et la qualité artistique de ses projets. En 2019, Rijasolo est lauréat du Prix Paritana de la Fondation Het bénéficie d’une résidence à la Cité internationale des arts à Paris suivie d’une exposition « MALAGASY ». Il remporte en 2022 le World Press Photo Award dans la catégorie « Africa Long Term Project »pour sa série The Zebu War. Fruit d’un travail réalisé sur une période de 10 ans, le photographe livre un récit en noir et blanc du vol de zébu, dans le Sud et l’Ouest de Madagascar faisant depuis des années l’objet d’un trafic illégal par les dahalo.
4 juin - 2 août
Né en 1983 à Gabes en Tunisie, Malek Gnaoui vit et travaille à Tunis. Diplômé en 2007 de l’Ecole d’Art et de Décoration de Tunis, il s’est formé à l’art de la céramique au Centre National de Céramique d’Art - Sidi Kacem Jellizi à Tunis, en Tunisie.
L’œuvre de Malek Gnaoui aborde des questions relatives aux conditions sociales et à la notion de sacrifice humain. A travers, la vidéo, la céramique, la gravure, l’installation, le son et la performance, son approche de la matérialité l’amène à développer une pratique impliquant des matériaux du quotidien et des techniques traditionnelles. Sa pratique alternative et hybride sort la céramique de son carcan utilitaire pour créer des atmosphères inattendues et singulières.
Son œuvre dont l’essence s’ancre à partir de la matérialité, s’inscrit plus largement autour d’une réflexion engagée dans le contexte sociopolitique tunisien actuel.
Au cours de son stage au Centre National de Céramique d’Art dans le mausolée de Sidi Kacem Jellizi, en observant les fidèles offrir des moutons en sacrifice, il développe une réflexion sur la symbolique des actes sacrificiels. Son travail s’articule alors depuis 2011 autour de thématiques et de symboles récurrents incarnant les dualités de la vie et la mort, du passé et présent. L’utilisation d’un large spectre de médias amène Malek Gnaoui à s’imprégner du concept de la spiritualité à travers une exploration étendue des civilisations anciennes à l’époque contemporaine. Sa réflexion sur les corps, les éléments et la matière révèle l’implication physique de la production de ses œuvres dont se dégagent un aspect performatif.
Artiste de la scène artistique tunisienne contemporaine, c’est par le collectif Politiques créé en 2011 avec l’initiative d’autres artistes que Malek Gnaoui s’est vu ouvrir les portes de la scène artistique internationale. Représenté par la galerie tunisienne Selma Feriani, il a récemment exposé des projets ambitieux, au Salon d’Octobre de Belgrade, Serbie et au KANAL Centre Pompidou à Bruxelles, Belgique en 2024, au Dom Museum de Vienne, Autriche en 2021 ou encore à la Sharjah Biennale, Emirats arabe unis. Son œuvre est également présente dans de prestigieuses collections parmi celles de la Fondation H, Antananarivo, Madagascar, du Dom Museum de Vienne, Autriche ou encore du Victoria and Albert Museum et du British Museum de Londres, Royaume-Uni.
17 septembre - 29 novembre
Turakella Editha Gyindo (Tura) est une curatrice et artiste pluridisciplinaire basée à Dar es Salaam, Tanzanie. Après des études universitaires en Algérie, elle rejoint en 2021 la Nafasi Art Space Academy à Dar es Salaam pour suivre le programme Curatorial Practice and Art Management et participe à la Biennale de l’Afrique de l’Est 2021.
Depuis, Tura est curatrice indépendante en Tanzanie où elle organise plusieurs expositions et projets de résidences artistiques notamment avec Mazi Arts ainsi qu’avec l’Institut Goethe de Dar es Salaam. En mai 2024, elle intègre le Mentorship Program for East African Curators soutenu par Njabala Foundation, Independent Curators International et AWARE.
Inspirée par la nature humaine et son adaptation en phase avec l’évolution perpétuelle et frénétique du monde, elle questionne les préconçus collectifs autour de l’intersectionnalité, de l’identité et de l’appartenance. Elle s’intéresse au défi, à la complexité de l’être humain ainsi qu’à la manière dont l’identité peut transcender les normes sociales. Selon elle, la place qu’occupent les individus dans la société n’est pas uniquement régie par les expériences personnelles mais aussi par une connexion profonde à l’existence qui va au-delà de l’incarnation physique.
Début 2024, elle présente sa première exposition personnelle Mwanangu Kua Nikutume à l’Alliance Française de Dar es Salaam. De la peinture à la performance, Tura expérimente une pluralité de médias à travers lesquels son propos s’articule autour de son expérience de la féminité, de l’isolement, des émotions et des souvenirs personnels. Son histoire personnelle est un fil conducteur essentiel dans son travail, en tirant parti de ses propres souvenirs, elle tisse un lien avec des émotions auxquelles chacun peut se connecter.
Tura cherche par ses œuvres à engager un dialogue autour des normes sociales et hiérarchiques qui ordonnent les communautés en montrant la diversité des questionnements possibles dans la quête d’identité.