ANTANANARIVO
30 NOVEMBRE 2024
La Fondation H développe une collaboration avec KADIST, une organisation d’art contemporain à but non lucratif basée à Paris, France et à San Francisco, USA. Dédiée à diffuser les œuvres des artistes — de plus de cent pays —représenté·es dans sa collection, KADIST encourage leur engagement et affirme la place nécessaire de l’art contemporain au cœur des débats de société.
Aude Christel Mgba, commissaire d’exposition et conseillère en acquisition pour la région Afrique et Moyen-Orient auprès de KADIST, est invitée par la Fondation H à déployer une série de projection de films et vidéos d’artistes, de discussions et de performances en réponse à Memoria : récits d’une autre Histoire, exposition en cours entre ses murs.
Le samedi 30 novembre de 10h à 20h, à la Fondation H, à Antananarivo, la commissaire présente Teacher Don’t Teach Me Nonsense, une série de projections imaginée comme une séance d’écoute collective, accompagnée de conversations et de performances d’artistes de Madagascar, déployé dans différents espaces, intérieurs et extérieurs, de la Fondation H. Ce programme présente des œuvres vidéo sélectionnées dans la Collection KADIST afin d'explorer l’intersection entre création et transmission de l’histoire, construction identitaire et mémoire collective.
Curatrice
Aude Christel Mgba (Curatrice au Museum de Fundatie, Pays-Bas & Conseillère pour KADIST)
Artistes
Bili Bidjocka, Bady Dalloul, Chitra Ganesh, Clarisse Hahn, Fela Kuti, Gabriella& Silvana Mangano, Vonjiniaina Ratovonirina, Richianny Ratovo, Belly Sid, Guy Woueté
Après avoir obtenu leur indépendance dans les années 1960, de nombreux territoires anciennement colonisés ont dû déterminer le statut d’un « espace libéré ». La majorité d’entre eux — mais pas tous — ont hérité de la structure coloniale, continuant à renforcer le principe d’une construction nationale et à adopter la démocratie comme valeur universelle.
Le climat politique actuel sur le continent africain montre clairement que ce système n’a pas réussi à s'implanter efficacement. Dans sa chanson « Teacher Don’t Teach Me Nonsense », Fela Kuti souligne que la démocratie elle-même, du moins dans ce qu’elle incarne et porte dans son histoire, est un héritage colonial. Réfléchissant à la fois au passé et à son époque contemporaine, il prédit que ce système ne fonctionnera jamais pour le continent africain. Il va même jusqu’à dire que la démocratie est une « demo-crisis »(démonstration de crise) ou une « demo-crazy » (démo-folie), un système de pure folie. Observant ce qui se passe actuellement dans le monde, il est difficile de réfuter cette idée.
Teacher Don’t Teach Me Nonsense est un programme en trois parties, qui explore différents états d’esprit dans lesquels la curatrice imagine qu’un citoyen pourrait se retrouver en vivant et expérimentant ce contexte. S’inspirant de la chanson emblématique de Fela Kuti, le programme invite à une réflexion critique sur la notion de gouvernance et les structures sociétales installées dans les processus de décolonisation.
La première partie examinera la relation complexe et entrelacée entre l’état mental et l’histoire. Dans Le Fou Postcolonial Insane, de l’artiste visuel camerounais Guy Woueté, l’œuvre offre un regard poignant sur les mentalités coloniales en République Démocratique du Congo. En juxtaposant santé collective et traumatisme colonial, Woueté illustre comment l’histoire nécessite une attention particulière. De même, Pause/Tempo de Bili Bidjocka réfléchit à la mémoire culturelle ancrée dans différents symboles emblématiques, créant des souvenirs oscillant entre le personnel et le collectif, le réel et l’imaginaire.
La deuxième partie du programme explore l'identité collective, la résistance et la place du corps. There is No There, de Gabriella and Silvana Mangano, examine comment les messages politiques peuvent être véhiculés par des actions physiques telles que les manifestations. La tension entre silence et pouvoir est également présente dans Prisons, de Clarisse Hahn, qui examine le corps comme lieu de résistance, en se concentrant sur une grève de la faim menée au sein de prisons turques.
La troisième partie se tourne vers l'écriture personnelle et historique. Scrapbook, de Bady Dalloul, superpose la mémoire personnelle à des événements mondiaux, brouillant ainsi les frontières entre réalité et fiction. Rabbithole, de Chitra Ganesh, réimagine le mythe classique sous l'angle de la transformation, mettant en lumière les changements psychologiques et physiques induits par les voyages dans l'inconnu.
Détails du programme
Introduction
10h
Séance d’écoute de la chanson « Teacher Don’t Teach Me Nonsense » de Fela Kuti
Introduction du programme par l’équipe de la Fondation H et Aude Christel Mgba : Lecture de deux poèmes de Rado – Georges Andriamanantena, poète malgache
Lectures par Vonjiniaina Ratovonirina et Richianny Ratovo
Partie I
11h-12h
Projection suivie d’une discussion avec Aude Christel Mgba :
Le Fou Postcolonial Insane de Guy Wouété (2019-2020)
Pause/Tempo de Bili Bidjocka (2022)
Partie II
16h-18h
Performance par Belly Sid devant la Fondation H
Projection suivie d’une discussion avec Aude Christel Mgba :
There is No There de Gabriella & Silvana Mangano (2019)
Prisons de Clarisse Hahn (2017)
Partie III
18h-19h
Projection :
Scrapbook de Bady Lalloul (2018)
Rabbithole de Chitra Ganesh (2022)
Clôture
19h-20h
Séance d’écoute de la chanson « Suffering And Smiling » de Fela Kuti
DJ set et street food dans le jardin de la Fondation H
Cet événement s’inscrit dans le cadre du programme Double Takes de KADIST, une série de collaborations avec différents centres d’art et organisations, prenant comme point de départ les œuvres vidéo de sa collection.
À PROPOS DE KADIST
KADIST est une organisation d’art contemporain à but non lucratif pour qui l’art est moteur de transformation sociale, les artistes abordant souvent les questions clés de notre époque. Dédiée à diffuser les œuvres des artistes — de plus de cent pays — représenté·es dans sa collection, KADIST encourage leur engagement et affirme la place nécessaire de l’art contemporain au cœur des débats de société. Les deux lieux permanents de KADIST à Paris et San Francis coorganisent des expositions, des résidences ainsi que des programmes physiques et en ligne. KADIST suit au plus près les développements de l’art contemporain grâce à son réseau de conseiller·ères, et développe des collaborations internationales, y compris avec des musées renommés, favorisant ainsi de nouvelles connexions entre les cultures et de riches conversations sur l’art contemporain et la société.