Enam Gbewonyo, artiste et commissaire ghanéo-britannique, est invitée à Antananarivo par la Fondation H pour une résidence de recherche et de création dans le cadre de l’exposition Memoria : récits d'une autre Histoire du 9 juin au 3 août 2024.
Dans le cadre de l’exposition Memoria : récits d’une autre Histoire, Enam Gbewonyo présente deux œuvres tissées avec des collants en nylon : The Oculus/The Third Eye (2019) et Concentric Growth 7 (2023). Le tissage est profondément ancré dans le mode de vie de la tribu Ewé de la terre ancestrale d’Enam Gbewonyo au Ghana, un héritage que l’artiste réclame. Le collant, élément de base de la garde-robe des femmes occidentales, dont l’industrie propose une sélection minime de teintes foncées, devient symbole de la marginalisation et de l’invisibilisation de la femme noire. Enam Gbewonyo questionne le blanchiment de la peau comme la quête d’une autre apparence, la conception de la peau blanche comme l’idéal esthétique.
Pendant sa résidence, Enam Gbewonyo travaille sur une installation composé d’un triptyque de sculpture textile suspendue en dialogue avec son œuvre exposée, TheOculus/The Third Eye. Son objectif est d'utiliser cette nouvelle œuvre pour rouvrir un portail vers les mères ancestrales et tisser des liens connectés entre les histoires des lignées maternelles ouest-africaines et malgaches. À travers la recherche et l'engagement communautaire, Enam Gbewonyo entrelace les récits des femmes malgaches depuis l'histoire jusqu'à nos jours dans son travail. Sa pièce va servir d'archive, scellant l'héritage de ces femmes en tant que fondatrices tout en offrant un espace pour leur épanouissement spirituel.
INTERVIEW D'ENAM GBEWONYO
BIOGRAPHIE D'ENAM GBEWONYO
Enam Gbewonyo (née en 1980, à Londres) est une artiste et commissaire ghanéo-britannique qui vit et travaille à Londres. Elle est la fondatrice du collectif Black British Female Artist (BBFA) - une plateforme qui soutient les artistes femmes noires au Royaume Uni. Gbewonyo a étudié la conception textile européenne à la Bradford School of Art and Design en Angleterre et a commencé sa carrière entant que designer de tricots à New York. Après six ans dans l'industrie, un licenciement l'a amenée à retourner au Royaume-Uni et à changer de carrière.
Sa pratique artistique s’intéresse à l'identité - notamment la féminité - tout en prônant les bienfaits thérapeutiques de l'artisanat. Elle utilise la performance comme un moyen de création d'espaces vivants de guérison qui dirigent les publics vers une conscience positive, contrecarrant les systèmes d'oppression tels que le racisme et le sexisme. Son travail permet de faire face aux héritages coloniaux et aux émotions qu'ils suscitent.
Parmi ses expositions récentes : Nude Me/ Under the Skin : Dark Stars à TAFETA de Londres, Encounters (présentée par Black Rock Senegal) au Centre Culturel Blaise Senghor de Dakar au Sénégal, Neo Custodians : Woven Narratives of Heritage, Cultural Memory and Belonging au Bemis Center d’Omaha, aux Etats-Unis et Rites of Passage à la Gagosian de Londres. Ses œuvres ont été exposées internationalement, notamment à la 58e Biennale de Venise, Art X Lagos, et à l'UNTITLED Art Fair de Miami.
Gbewonyo est représentée par la galerie londonienne TAFETA. Ses œuvres font partie de plusieurs collections privées et publiques, notamment la Fondation H à Madagascar et White & Case LLP au Royaume-Uni. Elle reçoit en 2022 le Henry Moore Foundation Artist Award, le Dentons Art Prize et le New Art Exchange Future Exhibition Prize respectivement. Elle a également participé à la résidence d'artiste de Kehinde Wiley à Black Rock, au Sénégal, ainsi qu'au Bemis Center, à Omaha, aux États-Unis.