SÈNAMI DONOUMASSOU
TÀN XÓ [MÉMOIRE EN PROSES]

PARIS
2 OCTOBRE AU 6 DÉCEMBRE 2024

Actuellement en résidence à la Cité internationale des arts à Paris, l’artiste Sènami Donoumassou prend possession de l’espace parisien de la Fondation H pour son exposition Tàn xó [Mémoire en proses] du 2 octobre au 6 décembre 2024.

Sènami Donoumassou est une artiste visuelle expérimentant les potentialités techniques et poétiques de la lumière à travers le photogramme, les installations protéiformes et le dessin, elle invite à la réflexion et à la remise en question sur les notions d’identité et de mémoire. Pour Sènami, tout individu est un corps archive, aspect qui la mène à parler d’une identité multiple.

Vers les conditions de nos identités “en devenir”, conciliantes et harmonieuses

Par Nadine Hounkpatin

Une fin de saison des pluies à Cotonou, une période où l’air est encore chargé de cette fraîcheur humide, mais déjà les premières lueurs du soleil annoncent le retour des chaleurs torrides. Ce jour-là, le public béninois s’apprêtait à découvrir une nouvelle vague d’artistes à l’avant-garde de la création numérique. Le Fresnoy à Cotonou (2018), une rencontre artistique prometteuse, s’annonçait sous l’égide de l’école du Fresnoy, du Centre au Bénin et de l’Institut Français de Cotonou.

C’est lors de cette exposition que j’ai entendu pour la première fois le nom de Sènami Donoumassou, une jeune plasticienne béninoise qui allait s’imprimer durablement dans ma mémoire. Son œuvre, Immersion, exposée aux côtés d’œuvres d’autres artistes, mêlait habilement codes des jeux vidéo et communications en réseau, pour interroger l’intime et les liens sociaux que nous tissons. Ce qui m’avait frappée dans la démarche de Donoumassou, c’était sa capacité à entrelacer souvenirs d’enfance et projections futuristes. Son travail oscillait déjà entre tradition et modernité, reliant des éléments du patrimoine béninois à une esthétique résolument tournée vers l’avenir. Ses créations, bien que “seulement” numériques ou techniques, portaient une sensibilité unique, où symbolisme et émotions profondes cohabitaient. Son aptitude à donner vie à des récits personnels tout en les inscrivant dans une perspective globale, presque universelle, suscitait ma curiosité. À travers son utilisation subtile des outils numériques, Donoumassou réussissait à instaurer un dialogue vibrant entre le passé et l’avenir, entre l’intime et le collectif.

Je fis sa connaissance au Bénin en novembre 2021, au Parking, au moment du retour des 26 œuvres du Royaume d’Abomey. Donoumassou me parla de son parcours, de sa reconversion professionnelle et de sa toute première exposition personnelle, Chimie des traces, en 2019, à l’Institut Français de Cotonou, peu après son séjour au Fresnoy – Studio national des arts contemporains. Plus je l’écoutais, plus je réalisais l’intensité de sa passion pour l’art et son irrépressible désir de liberté. Lauréate de la première édition du Prix James Barnor en 2022, Sènami Donoumassou démontrait déjà une maîtrise remarquable des techniques photographiques.  En 2023, résidente à la Cité internationale des arts à Paris, je découvre, lors des journées portes ouvertes, la magie de ses expérimentations photographiques ainsi que son penchant pour les installations protéiformes et les jeux d’ombres et de lumières. Mais c’est surtout la poésie de son écriture visuelle qui me captive jusqu’à présent. Chacune de ses photographies évoque une profondeur d’histoire et de mémoire invitant à un voyage immobile à travers le temps.

Originaire et basée au Bénin, la jeune artiste développe une pratique multidisciplinaire qui interroge l’identité, la mémoire et l’altérité à travers le dessin, la vidéo, l’installation et certains procédés photographique anciens tels que le Van Dyke. L’exposition Tàn xó [Mémoire en prose], présentée dans l’espace parisien de la Fondation H, est le fruit d’une résidence de quatre mois où  durant laquelle l’artiste s’est plongée dans des recherches d’archives et des expérimentations techniques, éléments essentiels de sa démarche artistique. «J’adore expérimenter. C’est en explorant l’inconnu que je découvre de nouvelles choses,  ce processus est au cœur de mon travail.» Son projet inédit, développé au cours de cette résidence de création, puise dans l’exploration des mémoires collectives et des constructions identitaires universelles, avec en filigrane, une dimension postcoloniale. Le titre de l’exposition, issu du vocable Fon, Tàn xó, signifie «une question de mémoire», et ancre ce nouveau travail dans une démarche à la fois personnelle et culturelle, tout en incitant à une réflexion sur les rapports que nous entretenons avec notre environnement naturel.

Ainsi, le visiteur pénètre dans un espace suspendu, hors du temps, hors de toute géographie. À l’entrée, un voile transparent laisse entrevoir l’installation, sans rien dévoiler encore. Une invitation implicite flotte dans l’air, comme un murmure silencieux : il faut se déchausser. Pieds nus, le visiteur franchit la frontière invisible entre l’extérieur et cet ailleurs, un espace fictif que l’artiste nomme ARKHéENI. Sous ses pieds, le sable granuleux du sous-sol devient un terrain de sensations. À chaque pas, la texture du sol l’ancre un peu plus dans cet univers inconnu, tandis que la lumière vacillante des bougies découpe des ombres sur les murs assombris, créant une atmosphère quasi sacrée. Le regard du visiteur se pose à présent sur une phrase gravée sur le mur : «Que laisseras-tu de toi ?». L’artiste apostrophe le visiteur et l’invite à répondre, non pas avec des mots précipités ou des réponses définitives, mais elle cherche plutôt à déclencher chez lui une réflexion profonde, intime, l’esquisse pourquoi pas, d’un début de réponse, une première trace.

L’œuvre de Donoumassou repose tout d’abord sur une conception singulière de l’identité humaine, qu’elle qualifie de corps-archive. Cette entité composite se caractérise par l’accumulation de traces mémorielles et d’expériences vécues. À l’image d’une archive physique, le corps devient pour l’artiste, un réceptacle d’histoires et de récits, tant individuels que collectifs. Cette notion, soutenue notamment par Homi K. Bhabha à travers sa théorie de l’hybridité culturelle, remet en question l’idée d’une identité figée et homogène. Elle invite à réfléchir sur les négociations constantes entre diverses cultures, suggérant que l’identité se construit à partir de rencontres et de transformations. Pour Donoumassou, chaque individu incarne à lui seul un ensemble d’éléments issus de la nature, de la culture et de l’histoire, toujours en interaction avec son environnement, et ce sont ces hybridités qu’elle célèbre dans ses narrations créatives, comme autant de forces dynamiques, à l’intersection de la biologie et de la mémoire collective. La composition du terme corps-archive invite à repenser la façon dont nos corps deviennent porteurs de récits. Habituellement liée à la documentation historique, l’archive s’étend ici à la biologie humaine. Donoumassou explore ce corps comme une métaphore d’une identité en transformation, enrichie par diverses influences : mémoires collectives, mythes ancestraux et relations sociales, puisant entre autres dans les récits et fabulations de la culture béninoise, ancrés dans une histoire et un patrimoine commun. Une archive vivante, porteuse de mémoire corporelle et collective.

De plus, au-delà de cette faculté à accumuler rencontres et échanges culturels, ce corps-archive porte également les traces du temps. Comme les archives, il stocke et transmet l’histoire à travers le patrimoine génétique, les souvenirs partagés et les expériences vécues, qui forment notre mémoire. Ces thèmes liés à la notion de temporalité traversent l’ensemble de l’œuvre de Donoumassou, et le temps qui passe s’y manifeste comme un élément central, indissociable de la construction identitaire et des dialogues entre le passé et le présent.

L’identité, envisagée ici comme un récit fluide et non une essence figée, s’inscrit parfaitement dans le message du poème On The Pulse of Morning de Maya Angelou, cher à l’artiste. Écrit en 1993 pour l’investiture du 42e président des États-Unis, ce texte résonne fortement avec ses interrogations sur l’altérité, l’appartenance et la territorialité. Dans son poème, Angelou convoque l’autre à travers nos héritages partagés et la diversité des territoires, incarnés par des références aux peuples autochtones américains et africains. Cette approche souligne bien l’interdépendance des êtres humains avec d’autres cultures et c’est de cette symbolique dont s’inspire Donoumassou dans les installations D’ici et d’ailleurs et La couleur de l’eau : couleur de l’âme, couleur du sang. Pour enrichir notre réflexion sur les interconnexions humaines, parce que, nous dit Donoumassou : “ la compréhension de soi ne peut se faire sans un regard tourné vers l’autre”, deux miroirs sont disposés dès l’entrée de l’exposition, ainsi que des passeports citoyen et étranger, invitant le visiteur à se positionner par rapport à une appartenance territoriale. La seconde installation quant à elle, est également composée d’un miroir, augmenté d’une série de fausses cartes d’identité, de peinture rouge, d’images d’archive et de sable. Le dispositif fait directement référence aux guerres, génocides, et massacres perpétrés à travers le monde. Ces événements tragiques qui marquent durablement nos mémoires collectives. L’installation renvoie également à la mémoire personnelle du sang, et même à sa dimension symbolique purificatrice, symbolisée par la présence de l’encens et des bougies. Nos mémoires ne sont plus seulement personnelles (le miroir qui permet une forme d’introspection), mais elles se forment inévitablement au regard de l’autre. Et dans un contexte actuel où ces interactions sont de plus en plus polluées, entravées, marquées par des clivages identitaires croissants où la polarisation de nos sociétés et la déconnexion entre l’humanité et son environnement se font de plus en plus flagrantes, il est important de reconnaître que nos appartenances et croyances - personnelles et collectives – exacerbent ces divisions, érigeant des barrières de plus en plus hautes entre individus et communautés.

En repensant ainsi notre rapport à l’autre, la question de Glissant sur la préservation de l’identité se pose : “Comment être soi sans se fermer à l’autre et comment s’ouvrir à l’autre sans se perdre soi-même ?” Ce questionnement résonne d’autant plus aujourd’hui, dans un monde où les frontières culturelles deviennent, elles,  de plus en plus poreuses. Ce dilemme traverse la réflexion de Donoumassou et trouve des réponses dans la notion d’équilibre. Selon l’artiste, pour atteindre cet équilibre, il faut envisager nos hybridités et nos diversités non pas comme des menaces, mais plutôt comme une source de richesse inépuisable.

Le poème de Maya Angelou évoque par ailleurs, la rupture fondamentale de l’homme avec son environnement. Lorsqu’elle écrit : “vos tentatives violentes pour devenir plus riches m’ont polluée”, illustre bien l’impact destructeur de nos actions sur la nature. Donoumassou n’y est pas insensible. Et le titre prémonitoire Donne-moi de la vie à manger, je te donnerai la mort en retour… représente une pièce sombre dans laquelle est disposée à même le sol, une calebasse contenant d’inquiétants éléments fluorescents, que l’on devine toxiques. L’installation évoque les conséquences directes et néfastes de plus en plus visibles de l’exploitation capitaliste effrénée de la nature. À travers cette œuvre, l’artiste nous met en garde contre la destruction irréversible de notre environnement, en soulignant que l’exploitation excessive de la nature ne peut qu’entraîner la perte de notre propre équilibre vital. Elle pointe ainsi l’urgence de réévaluer notre relation non seulement avec l’autre mais également avec le vivant, rappelant que la quête insatiable de profit menace non seulement les écosystèmes, mais aussi l’avenir même de nos humanités.

Prenant pour point de départ que le paysage, la nature elle-même, porte aussi les traces de nos mémoires, Donoumassou nous fait réaliser que nul ne possède véritablement le monopole de la mémoire ou de l’histoire. L’artiste nous invite à considérer la nature comme un espace de transmission et de résonance de nos expériences collectives, un lieu où nos identités se façonnent au contact des éléments. Cette vision trouve un écho profond dans le culte animiste pratiqué au Bénin, son pays d’origine, où les forces de la nature — minéraux, végétaux, eau, feu (incarnés par les symboles naturels du rocher, de la rivière et de l’arbre d’Angelou, et que l’artiste resitue dans une série de Van Dyke ) — sont perçues comme des esprits vivants, porteurs d’une sagesse ancestrale. Dans la vidéo Là où nos âmes s’en allaient, bien avant le paradis et l’enfer, Donoumassou rappelle que nos mémoires partagées sont déjà et depuis longtemps inscrites dans la nature, intégrant ainsi un élément cultuel qui transcende les distinctions entre le visible et l’invisible. À travers cette œuvre, elle souligne que la nature elle-même, dans la tradition animiste béninoise, n’est pas seulement un témoin passif, mais un acteur actif de la mémoire collective, un vecteur de transmission spirituelle où se mêlent encore une fois, passé, présent et futur.

Sènami Donoumassou partage avec Angelou une vision optimiste d’un avenir collectif où réconciliation entre l’humanité et la nature serait possible. Elle met en lumière l’importance de comprendre nos interconnexions mémorielles pour mieux aborder les tensions identitaires contemporaines. L’hybridité qu’elle explore se manifeste à la fois dans le corps, la culture et la mémoire, façonnant une identité en perpétuelle évolution, en constante négociation avec l’autre et l’environnement. Pour Donoumassou, cette approche élargie de l’identité, intégrant la nature et l’autre, révèle l’interdépendance profonde entre les humains et leur écosystème, soulignant que l’identité ne se construit qu’à travers ces relations dynamiques.

Le projet Tàn xó incarne en lui-même cette interdépendance, ces zones de frottements qui caractérisent la recherche de réconciliation entre pluralité intérieure et extérieure. Le titre Tàn xó [Mémoire en prose] illustre d’ailleurs à lui tout seul cette forme de juxtaposition :  entre le Fon, langue maternelle de Donoumassou et le français, langue coloniale. Cette dualité linguistique met encore une fois en lumière la complexité de nos identités où coexistent plusieurs cultures. À travers cette juxtaposition, l’artiste explore subtilement la manière dont l’identité se construit dans un contexte postcolonial. L’usage de sa langue maternelle devient une forme d’hybridité, révélant la richesse d’une identité complexe, marquée par la coexistence de langues et de cultures distinctes. Pour Donoumassou, le langage n’est pas seulement un moyen de communication, mais une expression profonde des mutations identitaires. Il devient un outil de résistance et de transformation, permettant de naviguer entre des héritages multiples et de questionner les structures coloniales qui ont façonné l’identité. Dans cette quête identitaire, le langage se présente comme un moyen de confrontation entre traditions orales africaines et héritage colonial français. Dans sa vidéo intitulée …Reliés ?!, qui consiste en une superposition en boucle d’images d’archives mélangeant époques et territoires, l’artiste questionne les récits dominants et propose un récit alternatif, qu’il est selon elle urgent et primordial d’explorer en redonnant de la voix aux histoires qui ont été historiquement marginalisées. Une approche qui rappelle la démarche glissantienne consistant en une réévaluation et en une reconnaissance des multiples récits qui composent notre humanité.

Une quête de réconciliation, trouver l’équilibre vital avec la nature

A travers sa pratique artistique et les différentes œuvres de l’exposition Tàn xó [Mémoire en prose], Sènami Donoumassou offre un espace de réflexion sur les dynamiques identitaires contemporaines, où se croisent mémoire, histoire et altérité. Par son approche multidisciplinaire, elle explore certes les tensions entre identité personnelle et mémoire collective, s’inspirant des réflexions de Maya Angelou, mais elle invite également à une redéfinition des identités en insistant sur la fluidité des récits et des appartenances. Son travail questionne les dualismes et les clivages identitaires, proposant une vision d’hybridité comme levier de création et de réconciliation. Par cette démarche, Donoumassou œuvre pour une transformation des récits, où chaque voix, chaque mémoire compte, contribuant ainsi à une compréhension élargie de nos identités et de notre place dans le monde. Elle nous rappelle aussi que nos identités ne se construisent pas uniquement en relation avec les autres mais également avec la nature, nous incitant à développer une cohabitation plus saine, plus bienveillante et respectueuse avec notre environnement. Cette approche holistique permet de repenser nos relations avec les peuples et la nature, en intégrant les récits partagés et les mémoires collectives. Il n’est plus simplement question ici d’une identité-racine, mais plutôt d’un «rhizome», une multiplicité de relations sans centre ni hiérarchie, à l’image des œuvres-récits que Donoumassou déploie dans Tàn xó [Mémoire en prose]. Des créations que l’artiste nous livre librement, de façon fluide et narrative dans l’espace d’exposition, avec toutes les complexités et les nuances de nos expériences en tant qu’humain. Sènami Donoumassou parvient à révéler une conception de l’identité telle qu’elle la conçoit: ouverte, et dans laquelle les frontières s’effacent et les histoires s’entrelacent, donnant ainsi naissance à une œuvre puissante. “Tàn xó [Mémoire en prose] c’est accepter  la possibilité d’inscrire nos identités dans l’altérité, et accepter que la compréhension de soi ne peut se faire sans un regard tourné vers l’autre, dans un équilibre vital avec la nature.” Conditions de nos identités “en devenir”, conciliantes et harmonieuses.

BIOGRAPHIE DE SENAMI DONOUMASSOU

Sènami Donoumassou est une artiste visuelle née en 1991 au Bénin, plus précisément à sa capitale Porto Novo. Après un parcours traditionnel avec l’obtention d’une Licence en Administration Générale et Territoriale, elle se consacre à sa passion artistique.

En 2019, suite à une résidence au Studio national des arts contemporains - Le Fresnoy, elle présente sa première exposition, Chimie des traces à l’Institut français de Cotonou, suivie de Xógbé à Le Centre en 2022.  La même année, elle est désignée lauréate de la première édition du Prix James Barnor.

Expérimentant les potentialités techniques et poétiques de la lumière à travers le photogramme, les installations protéiformes et le dessin, elle invite à la réflexion et à la remise en question sur les notions d’identité et de mémoire.

Pour Sènami tout individu est un corps archive, aspect qui la mène à parler d’une identité multiple. Comme elle le dit : « Nous sommes fait d’ADN animal, d’ADN végétal et de minerais. Nous sommes des cellules, mais surtout nous sommes traces et mémoires. » Étant des êtres constitués de nombreux éléments, nous serions des archives vivantes qui se prêtent à l’échange. S’inspirant du poème « On The Pulse of Morning » écrit par Maya Angelou en 1993, l’artiste au cours de sa résidence interroge nos identités à travers l’altérité et la mémoire. Ainsi, elle nous invite à porter un regard nouveau sur notre être en questionnant notre histoire, notre rapport à l’autre et notre lien à la nature. Puisque en tant que des êtres sociaux, pour elle, les réponses aux questions sur l’identité et les tensions qu’elles soulèvent dans nos communautés se trouvent dans nos mémoires et dans notre altérité.