ANTANANARIVO
6 DECEMBRE 2024 AU 2 JANVIER 2025
Andy Rasoloharivony, né en 1999 à Fianarantsoa, Madagascar, vit et travaille à Antananarivo. Cet artiste photographe et vidéaste, vice-lauréat du Prix Paritana 2024, a grandi à Antsirabe et a passé une partie de sa vie à Tuléar, dans le Sud de Madagascar. Ces villes ont profondément influencé sa sensibilité et son travail d’artiste.
Son intérêt pour l'image, à travers la photographie et la vidéo, a commencé en 2016 lorsqu'il a parcouru à plusieurs reprises la Route Nationale N°7, qui relie la capitale Antananarivo à Tuléar. Peu à peu, il a développé une fascination presque méditative pour les paysages arides, voire désertiques, le ramenant à une impression de calme, de sérénité et de retour à soi.
En 2017, Andy Rasoloharivony visite un village Mikea, une expérience qui le marque profondément en raison de la richesse de la culture et du mode de vie de ce peuple. Les Mikea sont l'une des dernières populations indigènes de Madagascar, habitant la forêt sèche du Sud-Ouest de la Grande Île. Vivant jusqu’à une époque récente en presque autarcie, ils subsistaient grâce à leur maîtrise des ressources de la forêt, de la chasse et de la cueillette.
En 2024, dans le cadre du Prix Paritana, Andy Rasoloharivony entreprend un voyage solitaire sur la RN7 pour revenir sur ses pas. Ce périple, vécu comme un pèlerinage personnel, le mène au village d’Ankindranoke, où il complète sa quête d’images entamée sept ans plus tôt.
Le projet Et ils gravèrent le sable présente ainsi le regard subjectif d’un photographe sur la communauté Mikea, aujourd’hui exilée de sa forêt d’origine. Résiliente, la communauté s’adapte et se sédentarise dans un nouveau village. Dans cette exposition, Andy Rasoloharivony restitue des bribes de scènes de vie qu’il a capturées durant les journées et soirées passées au sein de cette communauté.
En gravant cette mémoire dans le sable, l’artiste est conscient de choisir un matériau à la fois fragile et changeant. « Graver le sable » comme pour mettre en lumière, selon l’artiste, le besoin urgent de mémoire face aux enjeux sociétaux et environnementaux auxquels ce peuple est confronté. Face à une mutation socio-culturelle forcée, à la disparition de leurs traditions et à l'altération de leur mode de vie, Andy Rasoloharivony, à travers ce corpus de photographies, souligne l'importance de la transmission culturelle. À travers ses œuvres, il saisit une réalité contemporaine, rendant hommage à une mémoire collective menacée d’extinction, tout en questionnant l'impermanence et la résilience des paysages, des cultures et des modes de vie qui les entourent.
Dans la vidéo qui complète la série de photographies, Andy Rasoloharivony explore le lien profond entre l'humain et la terre, en mettant en lumière l'héritage que la femme, point focal du document, transmet aux générations futures.