ANTANANARIVO
05 MAI - 13 JUIN 2022
La Fondation H – Antananarivo invite l’artiste malgache Mahefa Rasamuel à présenter une exposition sur la forme d’une carte blanche du 5 mai au 13 juillet 2022. Dans Ambiversion, l’artiste propose une série de douze peintures sur toile, et convie le public à une performance collaborative, construite avec le chorégraphe et danseur Mialy Rajhonson, lors de l’ouverture de l’exposition.
La série Ambiversion est un continuum entre plusieurs états émotionnels successifs traversés par Mahefa Rasamuel. Le soir, car c’est là que pour lui tout commence, il puise son énergie dans ses interactions avec le monde extérieur. Ses nuits sont souvent plus belles, plus vivantes que ses jours. La nuit, son moi s’évade, s’aère, s’exprime, se réveille, s’aligne avec les astres. Ses soirées sont faites de rires, de fête, de complicité, de musiques entrainantes allant en crescendo jusqu’à l’extase. L’apothéose de la nuit atteint, vient doucement le jour, la fatigue. Arrive alors nécessairement le temps de se séparer. Le corps réclame le repos, le retour à soi, la recherche de la tranquillité ; il s’endort. Comme dans un rêve, seul face à la mer, à ses bruits, ses flux et reflux, c’est le retour à une paix intérieure en se ressourçant à l’intérieur de soi-même. Dans le cycle incessant de la vie de l’artiste, les événements vont et viennent, apportant sur son chemin leur lot de peines et de chagrins, souvent causés par la perte d’êtres chers, comme un retour à une réalité brusque et cruelle tout juste à la sortie d’une folle nuit d’euphorie. Et au gré des péripéties, l’artiste cherche et trouve son équilibre dans l’ambiversion, tantôt tendant vers un retour à soi, tantôt vers l’ouverture aux autres.
Rythme de la construction picturale
Ambiversion, une série de douze toiles de formats identiques dont les sujets se lient entre eux, relatent un voyage entre moments agréables [golden times] et périodes difficiles ponctuées d’orages, de tempêtes, de cyclones pris en pleine figure, que l’artiste vit, affronte ou esquive. Devant chaque toile blanche, Mahefa Rasamuel commence par les mêmes gestes. Il étale instinctivement, dans un mouvement comme chorégraphié, une texture composée de colle, d’eau, de sable et de sciure de bois. L’atmosphère et les couleurs évoluent au même rythme que les événements de sa vie. Les couleurs sont appliquées franchement, les nuances de bleus sont superposées pour marquer la profondeur des émotions qui les animent. A l’encre de Chine mélangée à l’eau, il produit un effet vaporeux rappelant la nuit. La couleur or apporte un contraste, et marque la force avec laquelle il se relève de ses chutes. Telle une rupture du rythme, les trois dernières toiles se présentent comme une page blanche, avec leurs motifs noirs sur blanc, qui permettrait de laisser ouverts tous les possibles, note plus paisible qui rappelle que la vie continue et que l’artiste va de l’avant.
Ecriture chorégraphique
Si la réalisation des toiles est un acte intime, très personnel de l’artiste, issue d’une démarche introspective, il choisit de s’associer à son ami de longue date, le chorégraphe et danseur Mialy Rajhonson pour les dévoiler au public et mettre en lumière et en forme leur rythme à travers une performance en grande partie improvisée. Dans un esprit collaboratif, il sollicite aussi Vida, styliste malgache, pour la réalisation des costumes de la performance.
Mialy Rajhonson, pour cette performance à quatre mains, joue le double de Mahefa Rasamuel, tandis que celui-ci réalise la dernière pièce de l’exposition : une toile de 4 mètres de long qui ferme le cycle, pourtant voué à se répéter inlassablement. Le chorégraphe habite le personnage du peintre, il rentre dans son univers et parcours ses états d’âme pour leur donner vie le temps d’une performance. Par la danse, il se nourrit de l’essence des tableaux, de leur esthétique, de leur histoire pour les interpréter et les donner à voir au public. Entre chorégraphie écrite préalablement et improvisation, la performance constitue le lien entre les gestes picturaux, tracés par Mahefa Rasamuel sur une surface d’une toute autre échelle que les autres toiles de l’exposition, et les mouvements du corps de Mialy Rajhonson mettant en forme ces peintures. Le duo entraîne le public dans sa spirale et l’implique dans la création de la pièce finale de l’exposition, nouant un lien qui évoque à la fois la continuité et le renouveau.
BIOGRAPHIE DE MAHEFA RASAMUEL
Mahefa Rasamuel est né en 1968 à Antananarivo, Madagascar, où il vit et travaille. Artiste multidisciplinaire essentiellement tourné vers la peinture, il démarre ses expériences techniques et picturales en 1998. Sa première exposition personnelle s’est tenue à La Boussole, Isoraka, Antanarivo, en 2003. Il a depuis exposé à de très nombreuses reprises dans la capitale malgache, y compris dans des lieux de vie nocturnes (restaurants, bars, discothèques), qu’il affectionne particulièrement. Au début de sa carrière, il rencontre le danseur chorégraphe Mialy Rajhonson et suit ses cours de danse. Ensemble, ils collaborent sur plusieurs projets scéniques pluridisciplinaires notamment en 2017 sur une revue de la comédie musicale Le Roi Soleil, ou Mahefa Rasamuel déploie ses talents de comédiens, ainsi que pour une exposition-spectacle intitulée Osmosis, au K’Art Antanimena Antananarivo.
Cliquer ici pour lire le livret publié par la Fondation H à l’occasion de l’exposition.